MYTHOLOGIE

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Source d’innombrables mythes, légendes et cultes donnant aux déesses son image (Isis, Ishtar, Artémis ou Diane, Hécate…), la lune est un symbole cosmique étendu à toutes les époques, depuis les temps immémoriaux jusqu’à nos jours, généralisé à tous les horizons.

                                                                          

A travers la mythologie, le folklore, les contes populaires et la poésie, ce symbole concerne la divinité de la femme et la puissance fécondante de la vie, incarnées dans les divinités de la fécondité végétale et animale, fondues dans le culte de la Grande Mère (Mater magna).  

Femme aux trois visages comme le cycle de la lune : jeune fille (croissante), mère (pleine lune), vieille femme(décroissante). Jeunesse, maturité et mort : le cycle éternel de la Lune.

Cette coulée éternelle et universelle se prolonge à travers le symbolisme astrologique, qui associe à l’astre des nuits l’imprégnation de l’influence maternelle sur l’individu en tant que mère-nourriture, mère-chaleur, mère-caresse, mère-univers affectif.

  

On comprends aisément les affinités existant entre l’astre nocturne et les déesses des pays chauds et arides , sources et symboles de vie et protectrice de la végétation qui comme la lune naît et se fane.

  

En effet, les Dieux et les Déesses lunaires sont légion parmi les peuplades à vocation agraire :

- Sin, père du dieu solaire Schamash, maître de la végétation

- Le Quetzalcoat aztèque, fils du soleil qui, en se rapprochant de cet astre, se sacrifie comme le fils de Dieu pour sauver l’humanité

- En Inde, Chandra qui apprécie l’ivresse du Soma et possède 28 femmes, symboles des demeures traversées par la lune chaque mois et l’effrayante Kali avide de sang

- Isis l’égyptienne, le féminin dans la nature, coiffée du disque et des cornes de   vache (puissance et fertilité). 

Voir le Mythe lunaire d'Isis et d'Osiris

- Astarté la Phénicienne

- Ishtar la Babylonienne               

 

  Isthar  

- Les Déesses gréco-romaines :

- Séléné, figurant l’opposition polaire jour-nuit, nature-esprit, volonté masculine passivité féminine ;

- Héra, la pleine lune, symbole de maternité et de dignité conjugale féminine,

- Hécate : déesse lunaire des magiciennes (plus d'informations sur Hécate)  

- Les Parques : Le triple visage du Destin (plus d'informations sur les Parques)

 

 Diane-Artémis, la pulsion vitale de l’âme, non contrôlée par la raison dont l’attribut est l’idéogramme en forme de faucille, le croissant lunaire, transférée à la Vierge Marie par les artistes chrétiens (la Madone à L’enfant se tenant sur les cornes de la lune et écrasant la tête du serpent).

Portraits des Déesses lunaires

Galerie des Déesses, Fées et Sorcières de la Lune

 

La lune est parfois affectée d’un signe néfaste.

Pour les Samoyèdes, elle serait l’œil mauvais de Num (le Ciel), dont le soleil serait l’œil bon.

Chez les Mayas, par exemple, le dieu Itzamna (maison de ruissellement = ciel), fils de l’être suprême, est assimilé au dieu solaire Kinich Ahau (Seigneur-Visage du Soleil). C’est pourquoi Ixchel, déesse de la lune, était sa compagne, mais aussi son aspect hostile, mauvais qui présente les même traits que lui, bien qu’elle porte sur le front un bandeau de serpents, attribut des déesses.

 

La lune commandant le renouvellement périodique, aussi bien sur le plan cosmique que sur le plan terrestre, végétal, animal et humain, les divinités lunaires, chez les Aztèques, comprennent les dieux de l’ivresse, d’une part, parce que l’ivrogne, qui s’endort et se réveille ayant tout oublié, est une expression du renouvellement périodique ; d’autre part, parce que l’ivresse accompagne les banquets, lesquels se font aux récoltes et sont donc l’expression de la fertilité. On retrouve ici les rites de la moisson, présents dans toutes les civilisations agraires.

 

Les Aztèques nommaient les divinités de l’ivresse les 400 lapins : ce qui souligne la grande importance du lapin dans le bestiaire lunaire.

Toujours chez les Aztèques, la lune est fille de Tlaloc, dieu des pluies, associé également au feu. Dans la plupart des codex mexicains, la lune est représentée par une sorte de récipient en croissant plein d’eau, sur lequel se détache la silhouette d’un lapin.

Chez les Mayas, elle est un symbole de paresse et de licence sexuelle. Elle est également patronne du tissage et, à ce titre, a l’araignée comme attribut.

Chez les Incas, selon Means, la lune avait quatre acceptations symboliques. Elle était tout d’abord considérée comme une divinité féminine, sans lien avec le soleil ; puis comme le dieu des femmes, le soleil étant celui des hommes ; puis comme l’épouse du soleil, enfantant de lui les étoiles ; enfin, au stade ultime de leur philosophico-religieuse, comme l’épouse incestueuse du soleil, son frère, les deux divinités étant les enfants du dieu suprême ouranien Viracocha. En plus de sa fonction primordiale de reine des cieux et de souche de la lignée impériale Inca, elle régnait sur la mer et les vents, sur les reines et les princesses, et elle était la patronne des accouchements.

Selon les Incas, les taches de la Lune sont faites de poussières que le soleil aurait par jalousie jeté à la face de celle ci pour l’obscurcir, la trouvant plus brillante que lui.       

       

Les 12 lunes chinoises

Dans les temps antiques, les chinois croyaient qu'il y avaient 12 lunes car il y avaient 12 mois dans une année. De même, ils croyaient qu'il y avaient 10 soleils car il y avait 10 jours dans la semaine chinoise. La mère des 12 lunes était la même que celle des 10 soleils : 

Au début de chaque mois, la mère des 12 lunes, Heng-O, lavait ses enfants dans un lac sur le coté  occidental extrême du monde. Puis chaque lune, une après l'autre, devait voyager dans un chariot pour un long voyage d'un mois, pour atteindre le côté est du monde. Là, les soleils commenceraient leur voyage.

     

La divinisation des deux grands luminaires ne fait pas toujours de la lune l’épouse du soleil.

Pour les Indiens Gé du Brésil central et nord-oriental, cet astre est une divinité mâle, qui ne présente aucun lien de parenté avec le soleil.

Dans tout le monde sémitique du Sud, également, (arabe, sud arabique, éthiopien) la lune est de sexe masculin et le soleil de nature féminine, car pour ces peuples nomades et caravaniers, c’est la nuit qui est douce et reposante, propice aux voyages. Chez bien d’autres peuples, non nomades, la lune est aussi de nature masculine. Elle est le guide des nuits.

La lune (en arabe Qamar) est très fréquemment mentionnée dans le coran. Elle est comme le soleil, un des signes de la puissance d’Allah. Créée par Allah, la lune lui rend hommage. Allah l’a soumise aux hommes pour leur mesurer le temps en particulier au moyen de ses mansions, de ses croissants. Son cycle permet le calcul des jours. Mais au jour des jugements qui sera proche lorsqu’on verra la lune se fendre, elle rejoindra le soleil et s’éclipsera.

Il existe deux calendriers en Islam : l’un solaire, en raison des nécessités de l’agriculture ; l’autre lunaire, pour des raisons religieuses, la lune étant le régulateur des actes canoniques.

Le Coran lui-même emploie un symbolisme lunaire. Les phases de la lune et le croissant évoquent la mort et la résurrection.

 

Ibn al-Mottaz (mort en 908) trouva le 1er, 10 siècles avant Hugo, l’image célèbre :

Regarde la beauté du croissant qui, venant de paraître, déchire de ses rayons de lumière les ténèbres.

Comme une faucille d’argent qui, parmi les fleurs brillant dans l’obscurité, moissonne des narcisses.

 

Dans la tradition juive, la lune symbolise le peuple des Hébreux. De même que la lune change d’aspect, l’Hébreu nomade modifie continuellement ses itinéraires. Adam est le 1er homme à commencer une vie errante (Genèse, 3, 24), Cain sera un vagabond (4, 14). Abraham reçoit un ordre de Dieu lui signifiant de quitter son pays et la maison de son Père (13, 1) ; sa postérité subira le même sort : la diaspora, le Juif errant, etc…

Les Kabbalistes comparent la lune qui se cache et se manifeste à la fille du roi. La lune apparaît et se retire, il s’agit toujours d’alternance de phases visibles et invisibles. 

Dans la Genèse (38, 28-30) Tamar enceinte est sur le point d’accoucher, elle a deux jumeaux dans son sein. A l’instant de l’accouchement, un enfant sort sa main, la sage-femme y attache un fil écarlate en disant : il sera le 1er. Mais l’enfant rentre sa main et son frère sort le 1er ; il fut nommé Pharès, le second prit le nom de Zara. Or le nom du palmier est Tamar, dans lequel se trouvent à la fois le masculin et le féminin. C’est pourquoi, selon le Bahir, les enfants de Tamar sont comparés au soleil et à la lune qui sort et rentre pour laisser passer le soleil le 1er.

Comme la terre, le soleil et les éléments, la lune (esca) sert de garant dans les formules usuelles du serment irlandais. Le calendrier celtique, que nous connaissons sous sa forme luni-solaire à Coligny, était lunaire à l’origine : c’est par cet astre (la lune) que les Gaulois règlent leurs mois et leurs années, de même que leurs siècles de trente ans.

 

ÉTYMOLOGIE DE LA LUNE

  Des mois et des jours   

A l'origine, dans les langues indo-européennes, le mois et la Lune sont désignés par un même substantif masculin (mensis en latin, mênê en grec. . .). Mais l'astre passant pour avoir une influence néfaste, ce mot est jugé tabou et remplacé par un adjectif substantivé au féminin: Selênê en grec (tiré de se/as, « lueur brillante »), Luna en latin (« la Lumineuse », d'une racine indo-européenne dont proviennent également lucide, luire, lumière...). Mensis, rattaché sans doute à la même racine que celle de metiri  « mesurer » (la Lune mesure le temps), se retrouve toutefois dans mois et mens­trues; les deux mots sont d'ailleurs liés puisque, comme en latin, mois au pluriel a désigné les menstrues (avoir ses mois, XVIe S.) . La vieille croyance selon laquelle le cycle menstruel serait lié à l'astre a donné à lune le sens de  « période des menstrues d'une femme » (1585). La prétendue influence exercée par la Lune sur le psychisme humain est également à l'origine de certaines expressions (bien, mal luné) et de quelques dérivés tel lunatique .

Introduite à Rome au VIe siècle av. J.-C., Diane reçut un culte sur l'Aventin en tant que déesse lunaire dispensant la lumière nocturne (un siècle plus tard, elle sera assimilée à l'Artémis grecque). Un jour de la semaine lui était voué: le lundi. Ce mot est issu du latin Lunae dies, littéralement  « jour de la Lune ». Aujourd'hui notre "Lundi".Cet ordre est conservé dans l'italien lunedi (l'anglais a Monday, l'allemand Montag, de même structure) ; l'ordre inverse, plus courant en latin, s'est maintenu en ancien français (deluns), en catalan, en occitan, tandis que lunis seul se retrouve en espagnol (lunes), en provençal, en roumain, en sarde.

 

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