Rue de la Voie Lactée

de Lunamoon, webmistress de ce site ;-)

 

Mam’zelle Lune tenait une boutique dans la rue principale du quartier de « La Voie Lactée ».

Ce n’était pas un coin bien grand dans le Monde Astral mais on lui reconnaissait volontiers du charme et de l’attrait. 

Mam’zelle Lune avait pour voisins d’autres commerçants qu’elle fréquentait chaque jour… 

Maître Saturne, l’horloger dont la boutique résonnait de milliers de tic-tac assourdissants. Le pire étant bien sur à chaque heure quand toutes les pendules entonnaient leur chant en même temps (voir en décalé quand Maître Saturne ne les remontaient pas comme il fallait..). Mam’zelle Lune avait tout de même pris l’habitude de s’arrêter chaque matin lui dire bonjour et pour ajuster son heure. Pour vérifier qu’elle ne serait pas en retard dans sa course du temps, disait-elle gentiment en ponctuant sa phrase sur le rythme de l’horloge la plus bruyante. 

Elle aimait bien ensuite prendre une tasse de poussières d’étoiles au salon de thé sidéral de Madame Pluton et ainsi discuter des derniers potins de l’Univers rapportés par la factrice Comète de Halley. C’était toujours un moment agréable et drôle et, de plus, fort goûteux… 

Généralement, elle s’arrêtait ensuite à la pâtisserie de la Mère Jupiter, juste pour le plaisir d’admirer la vitrine appétissante et s’emplir des effluves des croissants d’astéroïdes et beignets de magmas ! Régime ! soupirait-elle, maudissant sa ligne instable et le fait qu’elle n’arrivait pas à stabiliser sa silhouette plus de quelques jours… 

Elle n’osait jamais rentrer dans la boutique de mode de Miss Vénus, tant elle aurait honte de sentir le regard de la Beauté s’attarder sur les courbes trop généreuses de ses chairs. Et puis rentrer alors qu’elle savait qu’elle ne pourrait essayer aucune des magnifiques étoffes éthérées était trop humiliant pour la trop ronde Mam’zelle Lune 

Son chemin la conduisait ensuite à passer devant le cinéma du Vieux Neptune ! Elle le saluait d’un signe mais il l’appelait toujours pour qu’elle vienne discuter un peu avec lui ! Le projectionniste lui parlait alors des prochains spectacles que les constellations préparaient et en profitait pour se remémorer d’anciennes revues de sa jeunesse, ses préférées étant celles des Aurores Boréales ! Elle n’osait jamais réellement l’interrompre et s’éloignait à reculons, lentement mais sûrement, désirant ne pas froisser le vieux bonhomme un peu radoteur (mais c’était bien pratique d’être son amie quand il la faisait entrer à l’oeil pour voir les ballets des Météorites ou l’Opéra des Supers Novas…) 

Elle s’attardait ensuite dans la jardinerie de Monsieur Uranus et s’enivrait des essences aromatiques que diffusaient des plantes étranges et inconnues… Comme toujours, Le jardinier céleste lui offrait une fleur odorante et éclatante pour embellir sa journée. Il arrivait parfois qu’il lui glisse en même temps des graines de fruits ou légumes à planter mais Mam’zelle Lune n’arrivait jamais à obtenir le résultat tant espéré. Elle n’avait pas la main verte, tout redevenait poussière avec elle ! 

Elle croisait ensuite Dame Mercure qui ouvrait elle aussi son échoppe, un magasin d’instruments de musiques divers et variés : de la trompette de stalagmite au piano de manganite, en passant par le violon de glace et autres curiosités mélodieuses… Elle laissait toujours la porte ouverte ce qui emplissait la rue de bruits parfois étranges ou de symphonies harmonieuses…Cela faisait un divertissement bien agréable ! 

Mam’zelle Lune terminait son trajet en passant rapidement devant l’armurerie du Colonel Mars, qui l’effrayait un peu avec toutes ses histoires de guerre et son goût pour les batailles. Il lui adressait un salut poli et elle accélérait la marche en répondant tout de même. 

Et puis, elle se retrouvait dans son petit monde à elle…sa boutique de bric à brac, le petit foutoir de ses rêves où s’empilaient des milliers d’objets hétéroclites… Parchemins, livres, tableaux, bijoux en toc et barrettes en strass, statuettes de nus, bougies parfumées, tentures soyeuses, poupées de chiffons et autres objets de souvenirs, déchets de rêves et ustensiles de rien… 

Là, dans sa solitude retrouvée, elle prenait le temps de penser à son amour secret… le beau Soleil charmant, écrivain désargenté au cœur d’or et à l’imagination débordante… Trop préoccupé par son statut d’âme maudite et d’artiste écorché, lui ne se préoccupait d’amour que dans les intrigues qu’il créait dans ses œuvres… 

Comme tous les jours, le carillon de la boutique annonça la venue de la petite Terre, jeune enfant douée mais capricieuse, reine des bêtises de toutes sortes.

Mam’zelle Lune la laissait fouiner dans son bazar, espérant bien que la juvénile s’inspirerait de l’âme poétique de certains de ses objets.

Elle mordit dans un cookie aux trous noirs (moins calorique) et s’installa dans un fauteuil aux moelleux coussins.

Et puis, bercée par les chansons de la petite Terre qui fouillait la boutique à la recherche d’un nouveau jouet, elle rêvait… elle rêvait et somnolait, pensant à la journée du lendemain, quand celle ci commencerait, pareille à celle écoulée… 

Ah…Dure vie que celle des Planètes !

 

Lunamoon (venez commenter cette petite nouvelle sur mon forum)

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